Fédération Nationale des Associations d'Italianistes

FNAI
468 rue de l'égalité
59553 CUINCY

28 ème congrès de la F. N. A. I.
12 - 13 - 14 octobre 2007
Lycée Janson de Sailly - Paris ( XVIème)MOT DE LA PRESIDENTE

Le congrès annuel de la F. N. A. I. est un moment privilégié pour que les représentants des associations de professeurs d’italien de toute la France puissent se rencontrer, échanger. Les occasions de telles rencontres sont rares : les stages nationaux - tels qu’ils étaient conçus il y a quelques années encore - ont disparu, nous le regrettons.
Les remarques de certains d’entre vous rejoignent notre réflexion : ce congrès est bien court, il ne permet pas à chacun de dire, de poser des questions, de mener ensemble une réflexion sur les évolutions actuelles de notre système éducatif et sur la place de l’italien au sein de ces bouleversements.
Comment faire ? Le bureau s’interroge, nous vous avons soumis le problème. Une journée supplémentaire, avec possibilité d’hébergement à Paris auprès de collègues ? Cela permettrait indéniablement d’être plus efficaces, et aussi de tisser des liens plus forts. Nous pourrions voir comment envisager la question des absences dans nos établissements. Et pourquoi ne pas profiter aussi de ce moment passé à Paris pour visiter ensemble une exposition, le dimanche par exemple ? La proposition – alléchante ! - est faite.
Nous sommes tous très sollicités, à plusieurs niveaux. Mais je reste persuadée que dans le contexte actuel il est absolument nécessaire de nous rencontrer, de réfléchir ensemble afin de mieux réagir dans nos académies, avec nos collègues, si nous voulons que l’italien ne fasse pas les frais des réformes en cours.
Merci de nous faire remonter vos réflexions, vos souhaits, ce que vous pouvez, ce que vous voulez faire. Vous l’avez compris, c’est aussi d’un engagement dont il s’agit. Et il est urgent de décider ce que nous voulons.En effet, quelle est la situation actuelle ?
Au mois de juillet dernier a été signé à Rome un protocole entre le Ministre de l’Instruction publique de la République italienne et le ministre de l’Education Nationale de la République française. Ce protocole porte sur les dispositifs éducatifs linguistiques et culturels, les partenariats scolaires, la formation des enseignants et des chefs d’établissements, les certifications dans la langue du pays partenaire, les échanges et la coopération sur des thèmes d’intérêt commun.
Nous saluons tout le travail effectué jusqu’à la signature de ce document. Nous nous félicitons de
l’existence de ce protocole qui est absolument indispensable pour l’enseignement de l’italien.
Mais au même moment, juste à la fin de l’année scolaire 2007 - 2008, Monsieur Xavier Darcos
parlait dans les médias de nécessité de « rationaliser » de « regrouper les options » , « surtout en
matière de langues » , prenant en exemple « l’italien … ou je ne sais quoi, des langues rares » .
Certes, le ministre était en poste depuis peu de temps. Mais ce dossier n’est pas nouveau. Ne nous voilons pas la face, il s’agit bien d’économies importantes à réaliser. Comment ?
Déjà les chefs d’établissement le disent : réduire le choix des options (l’italien est actuellement à la 1° place pour ce qui est de la L. V. 3), mais çà et là, certains se demandent aussi ce que vont devenir les enseignements de spécialité (L. V. 2 ! ).
De source sûre, nous savons que le gouvernement travaille à la réforme du baccalauréat et le silence sur les épreuves de langues vivantes est très inquiétant. Silence que nous devons mettre en perspective avec les expérimentations : évaluation C. C. F. pour le bac S. T. G. l’année dernière, poursuite cette année, le D. N. B. cette année, travail autour des certifications.
Quelle place pour les langues vivantes ? Quelle place pour l’italien qui est – certes – la 4ème langue enseignée en France, mais avec des faiblesses clairement repérées et portées à la connaissance du Ministère, dont la réponse n’est pas de nature à apporter une solution.
- Je pense en particulier au nombre très insuffisant de postes mis aux concours pour l’italien, au nombre de collègues non titulaires, et dans certaines académies à l’émiettement, la dispersion des « ressources » dont nous disposons : des jeunes collègues qui ont envie d’enseigner l’italien, mais qui débutent sans formation, sans encadrement, pour 200 heures, sans perspectives. Quel gâchis pour ces jeunes collègues non titulaires qui sont nos anciens élèves! Quel dommage pour l’italien ! Quelle situation d’asphyxie !
Et tout cela alors que les départs à la retraite sont déjà amorcés, chez les italianistes aussi. Une autre langue (que je ne nommerai pas) conserve à peu près le nombre de postes à ses concours alors que bon nombre des enseignants n’ont pas d’élèves devant eux . Cela permet – prenant en compte les départs à la retraite - de maintenir un réseau encore dense d’enseignants pour cette langue vivante, d’ouvrir des perspectives, de maintenir aussi l’attractivité de l’enseignement supérieur pour cette langue.
Ce n’est pas notre cas.
Le réseau des professeurs d’italien est très fragilisé par la précarité (contractuels, vacataires, mais aussi C. D. I. en nombre croissant).
- D’autre part, les mesures annoncées (sur la diversification en particulier) sont de portée limitée. Il apparaît clairement, que même si la volonté du ministre de promouvoir la diversification est réelle, il ne dispose que de moyens modestes (et je ne parle même pas des postes en lycée pour le retour aux 3 heures hebdomadaires, des moyens pour l’introduction d’une 2ème langue vivante en 6ème). La tentation est grande de regrouper, d’uniformiser. Et c’est ce que nous commençons déjà à observer, c’est très inquiétant: fermeture de la L. V. 3 dans des établissements où il y avait plus de 20 élèves par niveau en italien, fermeture de l’italien dans certaines écoles primaires pour introduire l’anglais ou l’allemand.
La situation est difficile, les perspectives sont incertaines, raison de plus pour redoubler
d’énergie et " jouer les cartes " dont nous disposons :
Notre pays a besoin aussi, dans tous les domaines, de professionnels ayant une connaissance de l’Italie et de la langue italienne, capables de nouer rapidement des contacts . Il faut faire mieux connaître encore les besoins de compétence en italien, avec l’aide des Autorités italiennes.
Dans nos académies, nos établissements, nous devons plus que jamais être vigilants lors des Conseils d’Administration, auprès des différentes autorités, des CIO.
La F.N.A.I. s’emploie à collecter des informations ( avec votre aide à tous) , à tisser des liens avec d’autres instances (S.I.E.S ., partenaires italiens, A.P.L.V. au sujet de la diversification des langues en particulier) , à informer , intervenir de façon concertée.
Nous devons agir dans tous ces domaines et à tous les niveaux, ensemble, pour faire entendre notre message.
Le protocole franco-italien - que nous saluons - doit ouvrir de nouvelles perspectives. Pour cela, dans le contexte actuel, nous devons continuer à agir pour avoir des élèves dans nos classes, et avec eux des enseignants en nombre suffisant, formés, stables.

Merci à tous pour votre implication.
Françoise Gatulle
Présidente de la F. N. A. I.